Depuis plusieurs semaines, suite à la publication et à la mise en application de la dernière recommandation de la SFAR (Société Française d’Anesthésie-Réanimation), concernant l ’anesthésie pédiatrique en établissement de soins, la prise en charge chirurgicale des enfants en ORL connait des difficultés majeures.
Par l’intermédiaire de ses adhérents, le SNORL (Syndicat National des ORL) a été directement interpellé sur cette situation, conduisant souvent à l ’annulation pure et simple de programmes opératoires entiers et ce de manière définitive.
En effet, l’application stricte et difficile de ses recommandations visant à garantir une sécurité maximale, tant au sein des établissements (en particulier pour le personnel paramédical) que pour les équipes d’anesthésie réanimation, provoque localement un désengagement de l’activité de chirurgie pédiatrique.
Les centres hospitaliers et établissements d’hospitalisation privée qui renoncent à ces prises en charge contribuent à l’engorgement de services déjà notoirement débordés par leurs activités.
Dans certaines régions, il n’est plus possible d’opérer un enfant avant 2024, condamnant les parents à errer d’établissement en établissement ou de cabinet en cabinet d’ORL afin de trouver une équipe en mesure de prodiguer les soins à leur enfant.
Cette situation constitue une rupture inédite dans l’égalité d ’accès aux soins. A moyen terme, cette diminution de l ’offre de soin pose un problème de santé publique.
La chirurgie ORL gravement touchée
En ORL pédiatrique, le traitement chirurgical des syndromes obstructifs et des troubles inflammatoires de la sphère ORL prévient la survenue de pathologies plus lourdes (syndrome obstructif d’années du sommeil, surdité, retard scolaire et de langage…); par ailleurs, le traitement chirurgical d’infections ORL banales mais résistantes à l’antibiothérapie permet d’éviter des complications infectieuses graves, et l’accès rapide au bloc opératoire est alors indispensable.
Au même titre que l’ORL, toutes les activités chirurgicales pédiatriques semblent être impactées.
De nombreuses structures, de taille et d’organisation diverses, pratiquent depuis des années cette chirurgie pédiatrique dans des conditions de sécurité qui paraissaient jusqu’alors adaptées.
Elles permettaient une offre de soins variée et un maillage territorial efficace.
Y avait-il un réel problème ? Dans un contexte où notre système de santé est exsangue, est-il nécessaire de rajouter des contraintes réglementaires à une prise en charge qui ne semblait pas poser de difficultés ?
« A perdre l’opportunité de soigner, on perd la chance de guérir ». (D’après la lettre du SNORL aux DGOS des ARS)
Le CNP ORL (Conseil National Professionnel) s’est rapproché du CNP MAR (Médecins Anesthésistes Réanimateurs) pour trouver une solution et un moratoire d’un an sur cette recommandation a été voté.
Le SNORL a contacté le CNOM et les ARS de chaque région pour éviter une rupture de l’offre de soin. Un questionnaire a été mis en ligne pour évaluer les difficultés sur chaque territoire.
Anesthésistes et chirurgiens travaillent ensemble dans la plupart des établissements pour trouver une solution adaptée.
Le SML, soucieux d’une juste organisation des soins et de rapports confraternels apaisés, alerte sur le danger d’élaboration de recommandations aux conséquences parfois plus néfastes que bénéfiques.